Comment annoncer un divorce à ses enfants ?

Découvrez comment annoncer un divorce a ses enfants, le moment pour le faire, la manière de l'aborder et comment minimiser l'impact du divorce.

Temps de lecture : 9 minutes

Vous y pensez depuis le moment même où l’idée d’une séparation définitive a pour la première fois traversé votre esprit, ou depuis que votre conjoint(e) vous a annoncé son souhait d’engager la procédure.

Est-il possible de leur éviter toute souffrance? Sans doute pas, mais vous pouvez tenter de minimiser celle-ci en appliquant quelques règles d’or, qu’ont peu à peu dégagé les professionnels de l’enfance et du droit.

Même si vos propres émotions sont déjà difficiles à gérer, votre responsabilité de parent est de préparer vos enfants avec le plus de tact et de douceur possible.

Le moment idéal

Évitez d’annoncer votre divorce prématurément pour épargner les tumultes émotionnels à vos enfants. Annoncez-le une fois la décision prise, mais pas trop tard pour éviter de rompre leur confiance. Ne le faites pas en colère ou désespoir, mais calmement et après réflexion. Choisissez un moment où ils ont du temps pour assimiler, poser des questions et exprimer leurs craintes. Il peut être utile d’avoir un proche présent pour les soutenir après l’annonce.

Rappelez-vous que l’annonce du divorce sera choquante pour vos enfants, malgré les signes avant-coureurs. Ils ont besoin d’honnêteté et d’explications adaptées à leur âge, sans devenir vos confidents. Assurez-vous qu’ils ne se sentent pas responsables et comprennent qu’ils n’ont pas influencé votre décision.

Informez-les que leur vie changera, sans faire de promesses incertaines. Par exemple, si vous ne pouvez pas garantir la continuation des cours d’équitation de votre aîné, dites-leur que vous ferez de votre mieux.

Comprenez leur anxiété, écoutez leur douleur et répétez-leur qu’ils ont toujours une famille, bien que différente.

Seul(e) ou à deux ?

Idéalement, vous et votre futur(e) ex devriez annoncer le divorce à vos enfants ensemble.

C’est un moment très dur. Si vous pouvez mettre vos sentiments de côté et rester calme pendant cette discussion, vos enfants seront moins effrayés et mieux préparés.

Vous devez leur expliquer simplement que vous ne vous aimez plus, que votre décision est définitive et qu’elle ne dépend pas d’eux. Mais vous devez aussi leur dire que vous les aimez toujours. Même si c’est dur, il est préférable de leur donner une version commune. Si vous ne pouvez pas leur parler ensemble, essayez d’avoir le même discours.

Si vous devez annoncer la nouvelle seul(e), ne dites rien de mal de l’autre parent, même s’il/elle a fait quelque chose de mal. Vous êtes fragile, mais concentrez-vous sur le bien-être de vos enfants.

En tenant compte de leur âge

Chaque enfant est unique; adaptez votre conversation à leur âge. Pour les enfants du même âge, dites-leur ensemble pour assurer l’équité. Si différents, parlez-leur séparément en ajustant le message. Pour les petits, une annonce une à deux semaines avant suffit. Si les adolescents sont déjà informés, rappellez-leur de ne pas révéler la nouvelle aux plus jeunes.

De O à 1 an

Le divorce peut arriver avant ou juste après la naissance d’un enfant. Si vous êtes enceinte ou un jeune parent à ce moment, souvenez-vous que votre bébé ressent vos émotions. Il sera affecté si vous êtes très stressé, ou distrait par d’autres soucis.

Il ne suffit pas de s’occuper seulement de ses besoins de base. Les jeux, les rires et les interactions sont aussi importants pour son développement. Il a surtout besoin de contact, de douceur et de sécurité.

Mais attention, une surprotection, souvent due à la culpabilité de la mère, peut empêcher le bébé de devenir autonome et de se développer normalement.

De 1 à 5 ans

Non, votre enfant n’est pas trop jeune pour comprendre le divorce. C’est même mauvais de le lui cacher ou de lui mentir. En fait, plus il est jeune lors de la séparation, plus cela peut être mauvais pour son développement émotionnel si la situation est mal gérée.

De plus, votre enfant est en train de former sa personnalité. Votre travail est de lui donner un sentiment de sécurité qui l’encourage à apprendre et à découvrir le monde. Si vous êtes triste et amer, vous ne pourrez pas faire cela, et même les professionnels ne pourront pas aider.

Alors, restez positif. Si vous ne pouvez pas le faire maintenant, demandez de l’aide à vos proches pour qu’ils puissent donner à votre enfant le sentiment de sécurité dont il a besoin.

De 5 à 10 ans

Les enfants à cet âge vivent dans deux mondes : leur monde imaginaire et le monde réel des adultes.

Même s’ils parlent bien, ils ont du mal à dire comment ils se sentent. Quand ils sont tristes ou en colère, ils le montrent par leur comportement. Par exemple, ils peuvent renverser du jus, manquer la cuvette des toilettes ou se comporter mal à l’école.

En tant que parents, il est important d’être à la fois strict et doux pour aider nos enfants à mieux gérer leurs émotions.

De 10 à 13 ans

Vers dix ans, les enfants commencent à se questionner sur l’autre sexe, tout en prétendant ne pas s’intéresser à lui.

À la maison, ils se plaignent souvent de ne pas avoir assez de liberté alors que les parents demandent plus de travail scolaire et d’aide aux tâches ménagères. Il est important que votre séparation n’interfère pas avec cette phase normale de leur développement.

Si vous observez une baisse soudaine de ses résultats scolaires ou s’il aide trop à la maison, il faudra peut-être l’encourager à passer plus de temps avec ses amis. Il est important de lui rappeler son rôle dans la famille et qu’il n’a pas besoin de grandir trop vite, même en cas de divorce des parents.

Les adolescents

Vos ados entreprennent un difficile travail sur eux­mêmes, grâce auquel ils doivent apprendre à la fois qui ils sont, ce qu’ils pensent, qui ils aiment … Ils cherchent à couper le cordon sans rompre les liens familiaux. Ils vous détestent toujours, mais maintenant, c’est parce que« de toute façon, vous ne comprenez jamais rien ».

Ils peuvent avoir l’air indifférents, ou du moins peu touchés par votre divorce. En réalité, ils enfouissent souvent leurs sentiments, et fuient l’atmosphère lourde de la maison pour prendre l’air avec leurs amis et se préoccuper avant tout de leur propre bien-être. Le meilleur moyen de les aider est le plus souvent de leur faire confiance : ils trouveront leur propre façon d’exprimer leurs souffrances, et vous n’interviendrez que si ce média est dangereux.

Les parents séparés que vous êtes devront leur fournir une structure homogène et cohérente d’autorité, en imposant dans la mesure du possible des règles identiques qui ne rajouteront pas à leur confusion. Les maîtres mots seront encore une fois écoute, conseil et amour.

Épargnez-leur les querelles d’adultes

Cette règle s’applique indépendamment de l’âge de vos enfants.

Pour le mineur, la séparation des parents ressemble beaucoup à un deuil. Les effets d’un divorce peuvent apparaître des années plus tard, pas seulement juste après. C’est ce que Françoise Dolto (une pédiatre et psychanalyste française qui a beaucoup travaillé sur les enfants) appelait la « dynamique de l’inconscient ».

Il est important de savoir que votre séparation aura un impact sur la vie quotidienne et future de vos enfants.

Quelques règles à respecter

Lorsque nous divorçons, nous sommes majoritairement rongés par l’angoisse et cherchons à agir au mieux pour nos enfants. Toutefois, submergés par notre souffrance, nous ne faisons pas toujours les bons choix, mais sommes naturellement portés à nous mentir à nous-mêmes, et à nous convaincre que nous avons géré au mieux notre séparation, sans que notre progéniture n’ait eu à en souffrir: c’est là une sorte de déni de souffrance.

Comment éviter ça ?

  • Tout d’abord, ne couvrez pas vos bambins de cadeaux pour tenter d’échapper à votre sentiment de culpabilité. De même, ne cédez pas à la tentation de relâcher votre discipline, ou de leur accorder de nouveaux privilèges.
  • N’oubliez pas que leur quotidien devra n’être modifié que lorsque c’est indispensable.
  • Dans la mesure du possible, informez donc vos enfants de votre décision et de la procédure en cours, mais en leur épargnant les détails sordides.
  • Ne les impliquez pas plus qu’il ne faut dans le procès : hors de question de leur raconter par le menu les tribulations de la procédure, les échanges lors de la dernière audience, de leur faire lire les pièces adverses, de critiquer devant eux« la pétasse de leur père » ou de les utiliser comme messagers lorsque vous voulez communiquer avec votre ex. Ce ne sont pas vos confidents.
  • N’interférez jamais dans les rapports de votre progéniture avec votre conjoint(e). N’oubliez pas que vos enfants ne vous appartiennent pas et qu’ils ont tout autant que de vous besoin de leur autre parent.
  • De même, ne faites pas d’eux des espions en les interrogeant sur la nouvelle vie de votre ex, ses relations et son emploi du temps chaque fois qu’ils reviennent de chez lui/elle.
  • Enfin, ne leur faites jamais choisir un camp, en tentant d’être le bon parent face au mauvais. Au-delà même des sentiments contradictoires que cela pourrait leur inspirer (conflit de loyauté, écœurement, rancœurs, etc.), cet étalage les encombrera : incapables de le digérer, ils risquent de se sentir submergés.
  • À l’inverse, ne les tenez pas non plus exagérément à l’écart : refuser de parler de votre séparation, en faire un non-événement qui ne mériterait pas qu’on s’y arrête, c’est transformer un échec en tabou, et placer plus encore votre enfant dans une position passive : il subira les conséquences de cette situation, dont on ne veut pas lui expliquer les tenants et les aboutissants.
  • Enfin, ne maintenez pas de liens ambigus avec l’autre parent, car cela pourrait ajouter à la confusion de vos petits : si vous vous entendez trop bien, et continuez à donner l’image apparente d’un couple, ils ne pourront pas faire le deuil de votre séparation.

Privilégiez les arrangements à l’amiable et la médiation

La loi les encourage, tout comme les spécialistes de l’enfance, afin de préserver l’innocence de vos enfants, et de recentrer régulièrement le débat autour d’eux.

On ne vous demande pas de vous réconcilier ni même de devenir amis, mais simplement d’agir en adultes responsables en mettant de côté vos conflits conjugaux lorsque vos enfants sont concernés.

Pour une étude plus approfondie de la médiation, veuillez vous référer au chapitre 10.

La communication avant tout

Il est nécessaire d’établir ou de rétablir un minimum de communication, non seulement pour la gestion logistique (l’heure et le lieu de remise des enfants, le contenu de la valise en fonction du lieu de vacances, le choix de l’établissement scolaire pour l’année prochaine, etc.), mais aussi pour assurer une éducation homogène.

La loi offre la possibilité, avec ou sans médiation, de soumettre au juge du divorce tout accord concernant les mesures provisoires ou définitives que vous souhaitez mettre en place, quel que soit le type de divorce entrepris. Il est dans l’intérêt de vos enfants de profiter de cette opportunité.

Rassurez-les sur leur vie après le divorce

N’oubliez pas qu’au moment du divorce de leurs parents, beaucoup d’enfants craignent de perdre le contact avec le parent chez qui ils ne vivent pas habituellement. Il serait préférable que votre ex-partenaire et vous rassuriez ensemble vos enfants que cette crainte est infondée. Assurez-leur que vous ferez tout pour éviter cette situation.

La Médiation

Votre discussion avec le médiateur peut aborder des points très concrets et même anticiper l’avenir:

  • l’organisation de la routine quotidienne de vos enfants;
  • la manière dont seront prises les décisions concernant leur éducation religieuse, scolaire et leurs loisirs;
  • l’accès de chacun à leurs documents médicaux et la prise de décisions liées à leur santé;
  • qui prendra un jour de congé si l’un de vos enfants tombe malade;
  • qui s’occupera d’eux si l’un d’entre vous ne peut pas assumer la garde pendant une période;
  • votre approche concernant la vie affective et sexuelle de vos adolescents;
  • comment vous gérerez les dépenses imprévues liées à vos enfants;
  • comment vous agirez ensemble si vos enfants rencontrent des problèmes de drogue, d’alcool, ou de comportement à l’école…

Au-delà de l’élaboration d’une convention réglant les conséquences de votre divorce, la médiation vous aidera à trouver l’énergie supplémentaire nécessaire pour être un parent solo, à comprendre l’avantage d’anticiper les conflits potentiels avec votre ex-partenaire concernant vos enfants, et à savoir que vous pouvez compter sur l’aide de l’autre parent en cas de difficulté.

Enfin, cela vous donnera l’occasion à tous les deux de partager vos projets de vie pour vos enfants, de vérifier s’ils sont compatibles, et si nécessaire, de trouver un compromis sur ce point.

Au besoin, consultez un pédopsychiatre

Il n’est pas nécessaire de faire systématiquement appel à un professionnel de l’enfance. Dans la plupart des cas, cela ne sera pas indispensable. Cependant, si vos enfants sont profondément perturbés et que ni vous ni votre partenaire ne parvenez à les aider, il pourrait être nécessaire de le faire.

Il arrive que les enfants semblent bien vivre une séparation, mais que leur comportement change sensiblement, révélant un malaise profond. Ils peuvent avoir de nombreuses questions qu’ils n’expriment pas. Si c’est le cas, proposez-leur de discuter. Si vous rencontrez une résistance, faites-les rencontrer un professionnel de l’enfance. Ce dernier, outre ses compétences professionnelles, présente l’avantage de la neutralité et de l’extériorité.

Soyez attentif à tous les signes : baisse des résultats scolaires, insolence systématique, attitude trop calme, troubles somatiques (maux de tête, tics nerveux, eczéma, énurésie, troubles du sommeil, prise de poids, etc.).

Enfin, informez tous les adultes susceptibles de relever ces signes – enseignants, baby-sitters, parents de leurs amis proches, nounous, voisins chez qui ils passent du temps – et demandez-leur de vous prévenir immédiatement s’ils notent un changement dans le comportement de vos enfants.

N’oubliez pas que naviguer à travers le processus de divorce peut être complexe et stressant, et il est toujours préférable de consulter un avocat spécialisé dans le droit de la famille. Ils peuvent vous guider à travers les différentes étapes, vous aider à comprendre vos droits et obligations et vous assurer que vos intérêts et ceux de vos enfants sont protégés. N’hésitez pas à contacter un avocat pour plus d’informations et pour vous accompagner dans votre procédure de divorce.

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